Depuis 2022, des mortalités inhabituelles ont été observées dans des colonies de Molosses de Cestoni (Tadarida teniotis) nichant dans les interstices d’immeubles à Nice. Ces chauves-souris protégées ont été retrouvées au sol, incapables de voler ou présentant des fractures multiples.
L’enquête menée par le Groupe Chiroptères de Provence (GCP) et l’Office Français de la Biodiversité (OFB) a mis en évidence une intoxication au plomb liée à la peinture des bâtiments. Les concentrations mesurées dépassaient 360 000 µg/kg, entraînant des anomalies osseuses et des fractures bilatérales caractéristiques d’un saturnisme juvénile.
Les analyses ont écarté les causes infectieuses classiques (rage, viroses, parasitoses majeures). En 2024, la pollution du joint de dilatation servant de gîte a été confirmée, et une procédure de fermeture du site a été engagée avec la Ville de Nice et la Métropole NCA.
Ce cas illustre parfaitement une approche One Health, reliant santé animale, santé humaine et qualité de l’environnement. Les Molosses, espèce strictement protégée, deviennent ici de véritables sentinelles de la pollution urbaine.
Pour soutenir ces recherches et la prise en charge des individus contaminés, l’association Lingostière Faune Sauvage a attribué un don de 1000 € au Groupe Chiroptères de Provence.
Le plomb est un toxique environnemental majeur, persistant et cumulatif. Chez les oiseaux sauvages, il pénètre dans l’organisme par ingestion ou inhalation de particules contaminées (munitions, peinture, sédiments, proies).
Il perturbe le métabolisme osseux, les fonctions neurologiques et hépato-rénales. Les signes observés sont souvent discrets : amaigrissement, apathie, troubles de la coordination, fractures pathologiques ou baisse de fertilité.
Les dosages tissulaires (foie, reins, os) et les radiographies sont essentiels pour confirmer la contamination et en évaluer la gravité.
Les seuils d’exposition décrits dans la littérature indiquent qu’une concentration sanguine supérieure à 20 mg/dL traduit une exposition, et qu’au-delà de 50 mg/dL, l’intoxication devient clinique et potentiellement mortelle.
Récemment, il a été diagnostiqué un cas d’intoxication au plomb chez un oiseau sauvage, sur un autre secteur que celui des Molosses, révélant un mode de contamination différent et confirmant la diversité des sources d’exposition.
Dans le prolongement de ces travaux, Lingostière Clinique Vétérinaire réalisera en 2025–2026 l’ensemble des radiographies et analyses sanguines des vautours blessés accueillis dans le département.
Ce programme, financé conjointement par l’association Lingostière Faune Sauvage et le centre de soins SOS Faune Sauvage – Instinct Animal, en partenariat avec Lucie Contet, vise à mesurer la présence de plomb chez ces grands nécrophages méditerranéens.
Les résultats attendus permettront de confirmer ou d’infirmer l’existence d’une contamination environnementale et d’adapter les protocoles de soins et de conservation des espèces les plus exposées.